Le Conseil de l’UE représenté par le pire clown des 27 ministres de la justice


Stefaan De Clerck, le ministre de la justice belge qui, en avril 2009, a fait bloquer un minuscule blog hollandais nommé « stop kinderporno » au motif qu’il nommait des pédophiles, a représenté le Conseil de l’Union Européenne sur le filtrage du contenu pédophile sur Internet.

En 2009, De Clerck conseillait aux treize pédocriminels nommés dans le blog, dont à Dutroux, à Fourniret et à leurs épouses, de porter plainte contre l’auteur du blog, pour atteinte à leur vie privée. « Il est inadmissible que la justice soit faite par des gens privés », avait-il expliqué. « Nous avons un système judiciaire qui est capable de faire tout ».

Pour 2010 le Conseil de l’Union Européenne nous choisi le pire clown des 27 ministres de la justice de l’union qui rajoute : « Nous devons trouver le bon équilibre entre la faisabilité et l’efficacité de l’instrument dans son ensemble » !




Alors que la France s’apprête à imposer aux FAI le filtrage des contenus pédopornographiques avec le projet de loi Loppsi, dont l’Assemblée discutera en seconde lecture la semaine prochaine, les eurodéputés de la Commission Libertés civiles et Justice s’est montrée très réservée sur un projet de directive européenne qui étendrait la solution à tous les états membres.
Il n’y a pas que les associations de lutte contre la pédophilie à trouver dangereux le filtrage des contenus pédopornographiques. La Commission des Libertés civiles, de la Justice et des Affaires intérieures du Parlement européen s’est montrée réservée lundi sur un projet de filtrage des contenus pédopornographiques sur Internet, à l’issue d’un débat préliminaire.

En France, l'Association Nationale de Prévention et d'Information Concernant la Pédophilie, plus connue comme L'Ange Bleu, vient également de publier sur son site internet un plaidoyer contre le filtrage de la pédopornographie sur Internet:

"Nous jugeons cette disposition inefficace, contreproductive et dangereuse à l'égard de l'exercice démocratique", écrit l'association dans le billet repéré par PC Inpact "Inefficace en raison de la nature mouvante d'internet et des possibilités de contournements déjà existants (...), contreproductive en cela qu'elle ne pourra que renforcer le traffic de la pédopornographie en le reléguant aux marges du réseau, d'où il pourra prospérer (...) et dangereuse pour l'exercice démocratique en cela qu'elle nous fait prendre un risque non négligeable à l'encontre des contenus légitimes".

"De part notre expérience auprès du public concerné, nous confirmons qu'aucun filtrage d'Internet ne saura répondre aux objectifs visés", prévient l'association, qui explique que "les connaissances et outils techniques dont disposent les consommateurs de pédopornographie et leur soucis de confidentialité les conduiront immanquablement à contourner l'obstacle tout en développant leurs échanges à l'abri des regards".

Contre cet argument, le gouvernement a plusieurs fois défendu que le filtrage n'était pas exercé contre les pédophiles, mais pour protéger les honnêtes internautes qui risqueraient de tomber par hasard sur les contenus pédopornographiques... Ce à quoi L'Ange Bleu répond, très justement, que "le filtrage ciblera les serveurs ou hébergeurs et non les pages incriminées, faisant courir un risque de surblocages et erreurs en grand nombre".

L'association craint que le filtrage de la pédopornographie ne serve de cheval de Troie législatif, et compare la mesure au fichier des empreintes génétiques (le FNAEG). "Initialement destiné spécifiquement aux grands criminels, il a peu à peu été étendu à des catégories de délits mineurs jusqu'à toucher aujourd'hui les sans-papiers, les faucheurs OGM, voire des manifestants", rappelle l'Ange Bleu. A l'instar de Reporters Sans Frontières, elle ne veut pas que la pédophilie soit instrumentalisée pour censurer le réseau.

"Avant d'être un "repère de pédophiles" comme on l'entend trop souvent, Internet est avant tout un moyen d'expression utile aux débats démocratiques que nous nous refusons de voir disparaître pour des raisons plus politiques que raisonnées, nous ne souhaitons pas voir s'instaurer en France - et en Europe - un régime tels que ceux que nous connaissons en Chine ou en Iran".

Plutôt que le filtrage, l'association propose de s'attaquer aux véritables criminels, en poursuivant les individus qui diffusent les contenus, en remettant en cause le secret bancaire pour remonter les filières économiques, en réalisant une prévention en amont, et en soutenant les actions publiques et associatives.

Néanmoins, « le blocage ne semble pas très efficace« , a prévenu le député allemand Alexander Alvaro (ALDE), qui préfère laisse les Etats décider de leurs méthodes. Son homologue Jan Albrecht (Verts/ALE) a aussi raconté comment le site d’une boulangerie irlandaise s’était retrouvé bloqué sans explication, parce que son adresse IP avait été associée à celle d’un site pédophile.

« Nous devons trouver le bon équilibre entre la faisabilité et l’efficacité de l’instrument dans son ensemble« , a reconnu Stefaan De Clerck, le ministre de la justice belge qui représentait le Conseil de l’Union Européenne. « Nous avons besoin de tous types de mesures, afin de pouvoir réagir rapidement pour prévenir les abus sexuels« , a-t-il ajouté.

Encore faudrait-il expliquer comment le filtrage empêche que des enfants soient violés.

Source: Droit Fondamental et
Numerama ( article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com )